Afghanistan : l’Union européenne peut encore proposer une réponse à la hauteur des enjeux
Pendant que les terribles images de chaos à l’aéroport de Kaboul rebondissent dans les médias, Janez Janša, à la tête de la présidence tournante du Conseil, s’est emparé de son titre pour déclarer -au nom des institutions européennes qu’il ne représente pas- que l’Europe fermera ses portes aux corridors humanitaires pour l’Afghanistan.
La réaction du président du Parlement européen Sassoli : « Ce n’est pas à la présidence du Conseil de dire ce que l’Union européenne va faire, les institutions doivent travailler ensemble pour trouver des solutions -solidaires- pour tout le peuple afghan à risque sous le nouveau régime, non seulement ceux et celles qui ont travaillé avec nous » nous satisfait.
Au même moment, la présidente de la Commission européenne Von der Leyen en amont de la réunion du G7, brise son silence et annonce que plus de 200 millions d’euros d’aide humanitaire seront destinés aux Afghans, qu’ils soient dans leur pays ou dans les pays voisins.
« Si le chaos de 2015 avait servi à quelque chose, nous saurions que la construction de murs et l’impasse décisionnelle au niveau politique se payent par des milliers de vies perdues et des crises humanitaires tout au long des frontières extérieures » indique Sylvie GUILLAUME.
C’est pourquoi il y urgence à mobiliser tous les moyens dont nous disposons, pour éviter une nouvelle crise, protéger ceux et celles qui sont en danger et souhaitent fuir le régime des Talibans.
L’Eurodéputée poursuit : « La priorité immédiate reste l’évacuation des ressortissants européens, des collaborateurs afghans et de ceux dont la vie est directement menacée. Nonobstant les tentatives des leaders européens au sein de la réunion du G7, la date limite pour le retrait des militaires occidentaux qui assurent la sécurité de l’aéroport pendant les évacuations, reste fixée au 31 aout. Si peu de jours pour terminer les évacuations demande un effort supplémentaire et une coordination internationale et européenne majeure pour sauver le plus grand nombre de personnes ».
« Même après cette date, assurer des voies légales et sécurisées, par exemple par l’intensification des programmes de réinstallation et la mise en œuvre des visas humanitaires, sera essentiel afin d’éviter que plusieurs milliers de personnes se mettent en route vers l’Europe, sans autre choix que de devenir des proies pour les trafiquants ».
« En parallèle, il est nécessaire de s’engager pour l’accueil à travers les instruments de notre système commun d’asile. Comme l’a évoqué le Haut Représentant Josep Borrell lors de son intervention au Parlement européen la semaine dernière (19 août), la directive Protection Temporaire permettrait de reconnaitre rapidement une protection à toutes personnes et d’entamer aussi une forme de répartition solidaire entre États-membres ».
« Enfin, ce débat doit s’élargir aux milliers d’Afghans qui se trouvent déjà sur le territoire européen : il y a urgence à arrêter tout rapatriement vers l’Afghanistan et les pays voisins, suspendre les transferts des « dublinés » vers les pays qui continuent les politiques de retour, réexaminer les refus de demandes d’asile et faciliter les regroupements familiaux des réfugiés afghans dont la famille se trouve encore en Afghanistan ».
Par la mise en œuvre coordonnée et rapide de ces mesures, l’Union européenne et les États membres ont la possibilité d’apprendre des erreurs du passé et éviter une crise qui s’annonce sinon désastreuse, aussi bien en Afghanistan qu’à nos frontières.
Bruxelles
Le 26 août 2021
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