Fin de l’opération Sophia : la sécurité internationale ne doit pas exclure l’humanité
Les ministres des Affaires étrangères des 27 ont décidé d’une nouvelle opération aéronavale pour succéder à la mission Sophia.
Le volet naval de Sophia avait été suspendu en mars 2019 lorsque l’Italie s’était opposée au débarquement sur ses côtes de migrants secourus en mer. Depuis lors, l’opération se limitait à une mission de surveillance aérienne.
Le retour de navires européens au large des côtes Libyennes est nécessaire pour assurer une surveillance efficace de l’embargo sur les armes imposé à la Libye et constitue une avancée vers une réponse européenne commune au conflit.
Pour autant, nous regrettons que la nouvelle opération se focalise sur le contrôle de l’embargo au détriment de la lutte contre le trafic d’êtres humains et du sauvetage en mer. Alors que des centaines de personnes continuent de perdre la vie au large des ports européens.
Pire, le Conseil a pris soin de prévenir tout risque « d’appel d’air » en apposant à l’accord une clause de rappel. Cette clause prévoit que si on relève une augmentation du nombre de migrants à passer par une zone de la Méditerranée alors les bateaux de l’opération européenne seront retirés de cette zone.
Les États membres se prémunissent ainsi de leur obligation d’assistance.
Il est honteux qu’une telle clause existe.
Les membres de la délégation sociale et écologique française, Sylvie Guillaume et Raphaël Glucksmann, déclarent :
« Nous déplorons de reconnaitre ici le langage indigne de l’extrême droite adopté au sein même du Conseil. La théorie de « l’appel d’air » est fermement démentie par les faits, cette « précaution » est outrageuse. Nous appelons de nouveau au déploiement d’une mission de secours et à la reprise des opérations de sauvetage en Méditerranée, où chaque jour des personnes meurent en tentant de rejoindre l’Europe. »